Les mystères de l'Univers : la Loi de la Tartine Beurrée

Ca m'arrive rarement. Le matin pas le temps, c'est verre de jus d'orange dans la main droite et brosse à cheveux dans la main gauche. Eventuellement, un morceau de pain mâchouillé dans la rue en allant jusqu'à la voiture.

Alors, quand, exceptionnellement, j'ai du pain, un grille-pain, un couteau, du beurre et du temps, je me fais des tartines grillées beurrées. Et là, je me heurte assez régulièrement à la Loi de la Tartine Beurrée, une des variantes appliquées de la Loi de Murphy.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas la Loi de Murphy, elle a été théorisée à la fin des années quarante aux Etats-Unis par un ingénieur de l'US Air Force, Edward Murphy et énonce que : " S'il y a plus d'une façon de faire quelque chose et que l'une d'elle conduit à un désastre, alors quelqu'un le fera de cette façon".

Pour simplifier, "si quelque chose peut tourner mal, alors ça tournera mal".

Pour simplifier encore plus, on l'appelle aussi L.E.M., ou Loi de l'Emmerdement Maximum. La L.E.M est fondée sur un principe simple : l'Univers n'est pas notre ami et veut notre peau. Les clefs introuvables au moment de partir, l'appareil électronique en panne qui se remet à fonctionner devant le réparateur appelé en urgence, la file d'attente à la caisse du supermarché qui se bloque au moment où vous arrivez, la réunion qui commence tous les jours avec 20 minutes de retard sauf le jour où VOUS avez 20 minutes de retard, une semaine non stop de pluies diluviennes pendant des vacances sur la Costa del Sol, oui, tout ça constitue la substantifique moelle de la Loi de Murphy.

Appliquée à la tartine beurrée, cette loi s'écrit : " Toute tartine beurrée livrée à elle-même tombe du côté beurré".

Une fois cette vérité établie, j'avoue que mes connaissances sur le sujet n'allaient guère plus loin.

Heureusement, dimanche, Pierre Barthélémy a fait le point dans son excellent article paru sur lemonde.fr (merci Jacques pour l'info!).

J'ai notamment découvert grâce à lui l'existence de Robert Matthews, physicien anglais qui démontra que la tartine tombe effectivement plus souvent du côté beurré que du côté non beurré. Il reçut d'ailleurs en 1996 pour cette étude scientifico-fantaisiste (encore que) le prix IgNobel de physique (parodie du prix Nobel). Pour la petite histoire, le discours de remerciements enregistré qu'il envoya pour l'occasion serait arrivé quatre jours après la cérémonie... Conformément à la Loi de Murphy.

Pour ceux qui n'auraient pas le courage de lire l'article - et je ne les félicite pas - il semblerait que la hauteur de la table soit notamment en cause, puisqu'elle ne laisserait le temps que d'un demi-tour à la tartine en chute, d'où drame final. 

La Loi de la Tartine Beurrée génère bien sûr de nombreuses théories tentant de la contourner. Par exemple on peut beurrer la tartine des deux côtés : ce n'est pas pour autant qu'elle tombera sur la tranche, puisqu'apparemment le poids du beurre joue un rôle minime dans l'histoire ; mais vous aurez forcément un côté beurré non collé au sol.

Une autre expérience tout à fait scientifique consiste à contrer la Loi de la Tartine Beurrée avec la Loi du Chat qui Tombe.
Tout le monde sait qu'un chat retombe toujours sur ses pattes. Donc si on attache une tartine beurrée sur le dos d'un chat et qu'on le fait tomber, on crée le Paradoxe du Chat Beurré. Il semblerait effectivement que l'assemblage chat-tartine n'ait d'autre choix que de ralentir et de se stabiliser dans les airs, à quelques centimètres du sol, tournant sur lui-même en mode antigravitationnel.

A moins que le chat n'arrive à bouffer la tartine.

Si vous voulez creuser le sujet, vous pouvez aller voir sur ce site très fourni sur le sujet de la Loi de Murphy et de celle de la Tartine beurrée.

En ce 1er novembre, jour férié, je vous souhaite un très bon petit-déjeuner, plein de tartines beurrées croustillantes fermement posées au milieu de la table. Ou en haut d'une échelle (en cas de chute elles pourront faire un tour complet).

Rose

Comments

[Faron]

Même si la liste n'est pas exhaustive, on peut ajouter à ce qui peut gâcher un petit dej :

- la biscotte qui se brise quand on veut la beurrer.

- le miel qui coule à travers les petits trous d'un bon pain de campagne, grillé ou non, mais surtout grillé parce que c'est le bonheur...

- la révolte du petit-fils qu'on a pendant le WE de la Toussaint et qui n'aime pas le pain beurré mais réclame les céréales que le papy n'a pas forcément puisqu'il préfère les pains grillés beurrés et (même) confiturés.

- la boîte de cacao vide.

- le lait qui déborde parce que, au même moment, on donnait à manger à son chat.

PS : bon je sais, il y en a qui vont dire que pour éviter qu'une biscotte ne se brise, il faut en superposer deux. C'est ce que j'ai fait. Eh bien, Tintin, il y avait des miettes beurrées partout qui ont fait le bonheur du chat.