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Le syndrome de l'hibiscus
29 juin 2011

Tous les désespoirs sont permis

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Je ne suis pas douée pour le bonheur. Je vous jure. Je fais ici mon mea culpa : j'ai toujours tendance à regarder ce que je n'ai pas plutôt que ce que j'ai et à soupirer en disant "j'aurais dû faire ci ou ça", au lieu de le faire.

Par exemple, ça fait un an que j'ai quitté mon boulot, je suis quand même partie deux mois à New York et j'ai écrivaillonné un peu, le tout sans avoir à me soucier de l'aspect financier des choses. J'en connais qui diraient : "Trop belle la vie". Moi je commence à me dire : "Mais qu'est-ce que j'ai foutu pendant un an ? Si au moins j'avais fait le tour du monde, monté ma boite, concrétisé ce bouquin, mais non, j'ai rien fait, rien !". Comme si ne rien faire était un crime.

Autre exemple : j'ai décroché un super job en région parisienne pour la rentrée. J'en connais qui diraient : " Ouaaaaahhhh, trop fort !!!! Excellent ! Super !" Moi je suis au désespoir parce que je vais devoir quitter ma famille, mes amis, mon théâtre, ma ville que j'adore et c'est vraiment pas juste, pourquoi personne ne me propose un boulot ici, j'en ai marre que les autres reçoivent des appels pour se faire recruter à tout bout de champ, moi je ne reçois jamais d'appels comme ça, les gens ont même l'air surpris de me voir quand ils me croisent dans la rue, genre : "Ah mais vous êtes encore là vous ?".

Bref, je lamentabilise, je paranoïaquise, je victimise et je désespérise, ce qui n'est pas la meilleure façon d'avancer dans la vie, vous en conviendrez.

Et pourtant, malgré ce que vous pouvez en penser, je ne m'en sors pas si mal. Car je lutte en permanence contre un très lourd atavisme familial.

Ma mère a un don particulier, celui de distinguer immédiatement en toutes choses le négatif affleurant, la catastrophe potentielle, le drame sous-jacent. A chaque annonce qui pourrait, qui devrait normalement être perçue comme un événement positif ou en tout cas anodin, sa réaction tient généralement du "MAIS COMMENT ON VA FAIRE ?!" désespéré.
Pour vous donner une idée, deux exemples piochés dans ces 15 derniers jours :

La version : "Tu vas finir ruinée, sans le sou et sous les ponts" :

-Tiens, au fait, j'ai fait venir une dame pour faire évaluer à combien je pouvais louer mon appartement pendant que je serai en région parisienne. Ca va aller finalement, ça devrait compenser le logement que je trouverai là-bas.
-Mais... ET LES IMPÔTS ? Tu vas devoir déclarer ces revenus-là tu sais ! Tu as fait le calcul ? Si ça se trouve ça va te faire une somme énorme ! Comment tu vas faire ??
-M'man...

La version : "Tu vas mourir dans d'atroces souffrances" (tant qu'à faire)

-Allo ? Euh.... ouais.... Bon je suis un peu malade comme un chien là, j'ai bu deux margaritas à jeun hier soir et j'ai vomi toute la nuit, l'horreur, bref je crois pas que je vais venir déjeuner à midi, hein...
-Mais... C'EST SUREMENT DES CALCULS BILIAIRES ! Ah ça ma fille, l'alcool, ça déclenche des crises avec les calculs biliaires, c'est très douloureux, tu n'as pas fini si c'est ça, c'est très grave, tu devrais aller aux urgences !
-M'man... C'est une juste une cuite...
-Ca ressemble bien à des calculs biliaires quand même. Mais qu'est-ce qu'on va faire ?
-M'MAN !!!!!!

Voilà. Vous comprenez le concept. Si je lui dis que j'ai pris un coup de soleil à la piscine, elle appelle le dermato pour détecter un cancer de la peau ; et entamer un traitement contre les verrues. Si je parle d'aller passer le week-end chez des amis, elle panique à l'idée que peut-être, ce sont des serial killers qui vont me découper en petits morceaux et me donner à manger aux cochons (bon, honnêtement, elle n'a jamais rien dit de tel mais je suis sûre qu'elle l'a déjà envisagé. Obligé).

Au vu de ces éléments, moi je dis que je pourrais être beaucoup, beaucoup, beaucoup plus névrosée que je ne le suis. Le fait que mes ami(e)s s'archarnent à m'offrir à la moindre occasion des ouvrages tels que "Une idée positive par jour", "No stress", "La vie en rose", "Les plus belles citations sur la vie" ou "Le petit livre du zen" n'a pas de réelle signification, je pense.
Si ?

Bon, on verra ça plus tard. Pour l'instant, une question me taraude : dois-je dire à ma mère que j'ai craqué la fermeture éclair d'une jupe qui ne m'appartient pas ?
"MAIS COMMENT ON VA FAIRE ????!!!!!!!!!!"

Rose

 

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Commentaires
M
En parlant de serial killer : ça me fait penser à cette fameuse tradition de sacrifice humain dans la confrérie Gros Paul. Ta mère n'a peut-être pas tout à fait tort...
L
ta mère a raison pour un point : je suis une serial killer.....
L
Merde !!! c'est familial.<br /> "MAIS COMMENT ON VA FAIRE ????!!!!!!!!!!"
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