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Le syndrome de l'hibiscus
11 septembre 2011

Je vous aime

Ils ont foncé sur elle. Sur elles. A l'heure où la ville sent bon le grand crème et s'étire doucement vers une nouvelle journée, l'envie de donner la mort a déchiré le ciel New Yorkais ce 11 septembre 2001.

Les Mary avaient lissé leurs cheveux, maquillé leurs paupières, mis des balconnets, des talons aussi, une journée au boulot rien de plus. Certaines s'étaient peut-être levées exceptionnellement plus tôt pour donner un dernier coup de fer à leur chemisier en vue être parfaites pour la réunion de 10 heures.

Les Bobby, Blackberry  à l'oreille, boule au ventre à cause du projet pas bouclé qui leur a valu une engueulade avec leur femme la veille au soir parce que "y'en a marre de ton boulot on ne se voit plus" se sont engouffrés dans les ascenseurs. Avec en tête parfois un "elle m'énerve à ne pas comprendre, je bosse merde elle est bien contente de revenir de trois semaines de vacances grâce à Mon boulot"! D'autres ont sûrement râlé un peu qu'il y avait "trop de monde et pfff c'est pénible d'etre serré comme ça dès le matin". D'autres encore s'en sont accommodé. Quelques oeillades à une blondinette, un sourire, un petit papillon dans le ventre comme ça, furtif. Une journée banale.

Tous les soucis du quotidien embuent raisonnablement l'esprit et disparaissent. Et reviennent. Le petit dernier tyrannisé par un copain à l'école, va falloir de nouveau aller voir la maîtresse. Elle ne comprend rien celle-la, mon bébé... Ma mère, ses plaintes, perpétuelles, son cancer, enfin, feu son cancer parce qu'elle s'en est sortie depuis trois ans. Mon mari, ses deux filles, je vois bien que la grande ne m'aime pas, je le vois. Je ne l'aime pas non plus tiens. Non je ne peux pas dire ça. Mais elle est dure, trop dure. Il va falloir qu'on en parle. Qu'il m'écoute. Je ne sais plus trop où j'en suis. 

Et c'est le choc. Le premier avion percute la tour. Dans la rue on bascule la tête, on met sa main sur sa bouche et on étouffe des "Oh My God". Les yeux s'écarquillent, les visages se crispent, on n'y croit pas.

Là-haut... On se meurt sur sur un "allo, c'est moi je t'aime, je t'aime, dis aux enfants que je les aime."

Julie.

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