La malédiction de l'auto-stoppeur

Depuis le début de la semaine, le Syndrome de l'Hibiscus donne dans le bizarre, l'étrange, voire l'inquiétant. Alors on va continuer sur cette lancée et s'improviser une petite soirée "feu de camp". J'allume une lampe torche et je vous raconte une histoire qui fait peur, ça vous dit ?

                                       Ca s'appelle "La malédiction de l'auto-stoppeur"

La première partie de cette histoire se déroule le jour de Noël 2000.

Le 25 au matin, je quitte ma famille pour rejoindre mon lieu de travail, à l'autre bout du département. Un sale grésil tombe sur la route et se transforme peu à peu en flocons. J'arrive à M***, ville d'une tristesse infinie, il est presque midi, j'avance dans un monde fantôme.
Soudain, j'aperçois une silhouette sur le bord de la route. Emballée dans un imperméable jaune, la capuche rabattue sur la tête, un sac à dos sur une épaule et un pouce tendu.
Je n'ai jamais pris d'auto-stoppeur. Mais là, quand même. C'est Noël, il neige, personne ne devrait être en train de marcher sur une route déserte à l'heure du déjeuner. Je sens que c'est le moment de faire ma B.A.

Alors j'ouvre la portière.
"-Bonjour, vous allez où?
- A G****.
-Bon, je peux vous emmener jusqu'à C***, montez.
-Oh merci madame !"

Le premier auto-stoppeur de ma vie s'installe et pendant que je redémarre pour une demi-heure de route à travers la forêt, il se met à son aise et baisse sa capuche.
Il a une tête de cauchemar. Les dents de travers et pourries, les traits épais, le front bas, le regard par en-dessous. J'entame bravement la conversation.

"-Et alors, vous allez déjeuner en famille ?
-Ouiii...
-Et vous attendiez depuis longtemps quand je vous ai pris ?
-Ouiiii.... Chuis parti tôt du foyer ce matin.
-Ah ? Du foyer ? Euh...
-Oui, là où que je suis la semaine. On travaille et pis on a des médicaments...
-Ah... Oui... Ca a l'air chouette. Et donc là, vous allez où ?
- Faut que je vais voir ma mère. Elle sait pas que je viens. Pis je sais pas trop, la dernière fois j'ai tué les chats, y en avait partout, alors bon. Mais j'avais envie de la voir..."

La demi-heure la plus longue de ma vie. Je me suis vue trucidée comme les chats sur le bord de la route, avec mon chef furibard saturant la messagerie de mon portable : " Mais qu'est-ce que tu fous bordel, on a un meurtre dans ton secteur !!!".
Arrivés (enfin!) à C***, j'ai laissé mon psychopathe des chats au premier carrefour et j'ai foncé me claquemurer dans mon appartement.
Je me suis jurée que cet auto-stoppeur serait le dernier de ma vie.

La deuxième partie de l'histoire nous fait faire un bond dans le temps...

Printemps 2009, je rentre de D***. Je viens de passer un oral de droit public, j'ai décroché un putain de 17/20, il fait beau, les oiseaux chantent, je suis en train de changer de vie et j'aime tout le monde. Alors, quand je vois au péage un type avec un sac à dos et un panneau "Lyon", c'est plus fort que moi. Après tout, je m'arrête à B***, ça ne fait que 20 minutes de route et puis le type a une bonne tête.
"-Bonjour, montez !
-Oh merci madame !"

Pendant que je démarre, il s'installe, tout sourire.

"-Vous attendiez depuis longtemps ?
-Oh non, pas trop. J'avance bien. Les gens sont plutôt sympas.
-Et puis en plus il fait beau !
-Oh oui, Dieu est avec moi. Et la nature est si belle ! Je ne comprends pas pourquoi les gens mettent tous ces produits dans les jardins, tout est pollué par l'homme, alors que Dieu pourvoit à tous nos besoins ! C'est très important, le contact avec la nature, vous aimez jardiner, vous ?
-Euh... Oui..."
 
Après, on a parlé de la lune, de ses phases et de son influence sur les éléments.
Après, il a parlé du fait qu'ILS (?) nous espionnaient en permanence. Lui par exemple n'avait pas de carte bleue et n'utilisait jamais deux fois le même ordinateur.
Après, il a parlé de cet ami qui avait des problèmes avec la justice parce qu'il avait érigé une croix de 7,38 mètres dans son jardin. Alors que c'était un moyen imparable de survivre à l'apocalypse, qui devait survenir dans les 2 ou 3 ans.
Après, il m'a annoncé que Barack Obama était l'Antéchrist.

Il restait une quinzaine de kilomètres à parcourir. Ca peut paraître très court. Mais là, non.

Après, j'ai dit que j'étais infirmière, parce que j'ai eu peur qu'il sorte un poignard et m'égorge si je lui disais que j'étais journaliste (les médias étant à la solde de Satan, je précise).

Arrivés (enfin!!!!) au péage de B***, il a encore mis 10 minutes à descendre de ma voiture, perdu dans son délire. J'ai passé la semaine suivante à éplucher la presse rhône-alpine, à la recherche d'un faits divers sanglant à tendance satanique.

J'ai re-juré que je ne prendrais plus JAMAIS d'auto-stoppeur.

Et je crois que je vais m'y tenir, parce que la troisième fois serait peut-être la bonne. Enfin, pour moi, la mauvaise.

                                                              THE END


Et voilà ! C'était mon histoire qui fait peur !

Et entre nous... Tout est vrai...

Rose

Comments

[lilimoncousin]

j'ai toujours adoré quand tu racontes ces deux horribles histoires....... !!
et c'est à cause de ces deux histoires là que je ne prend JAMAIS d'autostopeur !! en tout cas le type en photo sur le blog me fait flipper grave !!!!!!!!!